Le gouvernement annonce à grand renfort de publicité une consultation participative sur la réforme des retraites. Il entend changer complètement le système pour mettre en place un système prétendument « universel ».
Cet « universel » ne veut pas dire égal ou équitable
Dire que pour un euro cotisé on aura la même valeur de retraite, c’est taire le fait que certains gagnent beaucoup d’euros et d’autres beaucoup moins. C’est passer sur le fait que les femmes, les précaires, ceux et celles qui ont connu des périodes de chômage ou qui ont dû travailler de façon non-déclarée… auront aussi beaucoup moins d’euros.
Cet « universel » ne veut pas dire juste
Dans un des systèmes que le gouvernement veut mettre en place, l’espérance de vie moyenne de la génération entrerait en ligne de compte. Mais cette espérance de vie moyenne n’est pas la même quand on est cadre supérieur ou quand on est ouvrier dans l’industrie ou le bâtiment ou dans des professions soumises à la pénibilité (reconnue ou non). Les 5 % les plus riches toucheront leur retraite pendant 13 ans de plus que les 5 % les plus pauvres, selon l’Insee !
Cet « universel » ne veut pas dire une retraite sécurisée
Dans les systèmes envisagés on saura ce qu’on paiera chaque année, mais on ne saura qu’à la fin ce qu’on aura comme retraite : c’est un système à cotisation définies et à prestations indéfinies (comme aujourd’hui pour l’Agirc-Arrco).
Le gouvernement cache son jeu, il veut :
- un système où les retraites ne coûteraient pas cher et baisseront (parce que les retraités sont « improductifs ») ;
- un système qui encouragera (éventuellement avec des aides fiscales et financières) à prendre en complément des retraites par capitalisations soumis aux aléas de la bourse donc favorables aux marchés financiers ;
- un système où les travailleurs n’auront plus rien à dire, les négociations avec leurs représentants étant réduite à peau de chagrin…
Les gouvernements depuis 1986 ont réformé les retraites et largement dégradé le système actuel, ce qui a des conséquences pour tous mais plus particulièrement pour les travailleurs âgés qui se retrouvent au chômage, pour les femmes qui ont des carrières heurtées, des métiers moins rémunérés ou des temps partiels subis, pour tous ceux et celles qui ont vécu des formes de précarité au travail, et pour les jeunes qui entrent tard dans des emplois stables.
Il est possible d’arrêter ce massacre de nos droits sans changer de système et en les améliorant.
- en prenant ce qu’il y a de meilleur dans les régimes actuels et en faisant cotiser les dividendes versés aux actionnaires ;
- avec une retraite à hauteur de 75% du salaire, et un minimum de pension égal au SMIC pour une retraite complète ;
- en permettant le départ après 37 ans d’activités, ce qui est la durée moyenne de cotisations validées ;
- par un système redistribution en faveur des personnes qui ont touché le moins dans leur carrière ;
- en assurant que les personnes qui passent d’un régime à l’autre lors d’un changement professionnel n’y perdent pas ;
- en garantissant le pouvoir d’achat des pensions en les indexant sur le salaire moyen.
Ce qu’il y a d’universel dans ce projet du gouvernement, ce sont les risques pour tous et toutes de voir leurs retraites sérieusement entamées. Ce projet de réforme ne sert que les intérêts particuliers de celles et ceux qui gagnent le plus, des banques et assurances qui fourniront des complémentaires.
Le gouvernement Macron n’est pas au service de « l’universel » : il ne défend pas l’intérêt général, il défend celui de ses clients.