Heureuses, les A.E.S.H. ?
Les A.E.S.H. sont les accompagnant·e·s des élèves en situation de handicap. Mardi 19 octobre 2021, c’était une journée nationale pour ces agen·e·ts qui protestaient contre leurs conditions de travail et de rémunération. L’occasion, pour SUD Rural Territoire d’aller à la rencontre de deux A.E.S.H. dans un lycée de la région Nouvelle Aquitaine.
Déborah, titulaire d’un baccalauréat, est A.E.S.H. depuis février 2020 dans son établissement. Actuellement, elle suit un élève autiste, avec un contrat de travail à 39 heures hebdomadaires, auxquelles il faut ajouter 5 heures de travail personnel (prévues dans le contrat). Le tout pour la somme mirobolante d’un SMIC (avec 44 heures de travail, ça ne fait pas rêver…)
Quant à Océane, titulaire d’un baccalauréat et d’une licence, elle vient juste d’arriver au lycée, en septembre 2021. Elle suit 4 élèves, dans 4 classes différentes… Et comme pour sa collègue Déborah, à la fin du mois, c’est le « jackpot » avec ce SMIC qui tombe sur le compte en banque.
Quand on leur demande quelles sont les difficultés qu’elles rencontrent, les deux accompagnantes évoquent d’abord l’absence de formation. En effet, l’une comme l’autre n’ont eu droit qu’à 4 heures de formation, alors qu’elles accompagnent des élèves qui rencontrent de réelles difficultés (autisme, dys…)
Par ailleurs, Océane nous informe, qu’en ce qui la concerne, des problèmes d’emploi du temps ne lui permettent pas de suivre correctement les 4 élèves dont elle a la charge. De plus, nos interlocutrices mettent le doigt sur leurs conditions de travail en classe, dans des ambiances parfois très bruyantes, et les difficultés de concentration et de communication qui vont avec. Ajoutez à cela des problèmes de reconnaissance et/ou de méfiance de la part de certain·e·s enseignant·e·s, et vous aurez une idée de la complexité des missions qui leurs sont confiées.
Quand on évoque l’avenir avec elles, le premier souhait qu’elles formulent serait de ne plus être précaires, de dire adieu au CDD et de pouvoir signer un CDI. Par ailleurs sur leurs conditions de travail, elles estiment que suivre deux élèves devrait être le maximum et que les A.E.S.H. devraient avoir le droit à des formations régulières et spécifiques, leur permettant de travailler efficacement avec les jeunes et de prendre la juste mesure de leurs handicaps. Pour finir, une revalorisation de leur rémunération ne leur semblerait pas volée, et on ne peut qu’être d’accord avec elles.
Voilà, une petite chronique d’une autre tonalité, mais qui permet d’aller à la découverte de celles et ceux que l’on n’entend pas souvent, travailleurs et travailleuses de l’ombre, souvent précaires et mal considéré·e·s par notre administration.
À l’heure où l’on nous assomme à grands coups de discours pompeux sur l’importance du service public d’éducation, nous, à SUD Rural Territoires, nous réclamons des actes :